Ce billet est un focus thématique approfondissant une partie du Recueil de bonnes pratiques pour la diffusion en ligne des images patrimoniales, publié en novembre 2024 (chapitre 2, p. 20).

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Introduction

Avec les progrès rapides de l’informatique, rendre possible la consultation de reproductions numériques d’œuvres et d’objets patrimoniaux est devenu un enjeu important pour les institutions. Dans les années 1990, plusieurs grands musées français ont ainsi publié des CD-ROM, vendus dans le commerce, qui permettaient de consulter depuis un ordinateur une partie des collections numérisées, notamment les chefs-d’œuvre de la peinture. Le Louvre fut pionnier en la matière (CD-ROM “Le Louvre : Peintures et palais”, décembre 1994), suivi par le musée d’Orsay (CD-ROM “Découvrir le Musée d’Orsay”, mars 1996).

Pour en savoir plus sur l’histoire de la valorisation numérique du patrimoine des musées français, in situ et à distance, je recommande la lecture des textes d’Omer Pesquer (France : plus de 30 ans de numérique pour les musées) et de Sébastien Magro (Le confinement a mis à l’honneur les métiers du numérique dans les musées).

Les années 2000 sont celles des premières images patrimoniales en gigapixels, grâce aux innovations techniques dans le domaine de la photographie numérique. Une image en gigapixels est un fichier numérique composé de plus d’un milliard de pixels, le résultat constituant une numérisation d’une qualité bien supérieure à celles obtenues par scanner ou prise de vue classique. Pour arriver à un tel résultat, il est nécessaire de réaliser avec un matériel spécialisé des dizaines (voire centaines ou milliers) de photographies de parties de l’œuvre, puis de les assembler numériquement en une seule image en ultra-haute définition.

Pour des raisons techniques (débit internet, espace de stockage, contraintes des visionneuses), il a fallu attendre encore quelques années pour pouvoir consulter ces images à distance, sur le web. Plusieurs projets de reproduction numérique d’œuvres en gigapixels ont été lancés depuis une quinzaine d’années. Ce billet présente d’abord le plus célèbre, celui de la multinationale Google (avantages et limites), puis d’autres projets utiles à connaître, avec plusieurs liens permettant de consulter des images en gigapixels. Quelques extraits d’œuvres du domaine public disponibles en ultra-haute définition illustrent ce billet.

Google Arts & Culture : des œuvres en gigapixels mais “sous verre”

La société privée américaine Google a lancé en 2011 le Google Art Project. Le concept consistait à appliquer la technologie de Google Street View aux musées et à leurs collections. Le projet a pris la forme de partenariats noués avec 17 grands musées en Europe et en Amérique du Nord¹. À travers la numérisation 3D de plusieurs centaines de salles d’expositions et de plus de 1 000 œuvres, ainsi que des images en ultra-haute définition  de certains chefs-d’oeuvre (7 milliards de pixels), le Google Art Project a permis de proposer gratuitement au public des visites virtuelles (vues panoramiques à 360°) et l’exploration en profondeur de ces œuvres d’art. Loué par la presse du monde entier dès son lancement², pour la qualité inédite des images proposées, il est devenu Google Arts & Culture en 2016. Avec plus de 2 000 institutions culturelles partenaires, c’est aujourd’hui l’une des plus grandes plateformes numériques patrimoniales existantes, qui donne accès à de nombreuses visites et expositions virtuelles.

Les avantages en termes de consultation (ultra-haute définition et zoom profond, création de paniers, réalité augmentée avec Pocket Gallery) et de valorisation (expositions et visites virtuelles, dossiers, activités ludiques et éducatives, affichage dans Street View, partage de lien) sont en effet bien réels. Cependant, ce projet a rapidement été critiqué par certains acteurs pour son manque d’ouverture. En effet, il s’agit d’un système clos qui ne peut pas remplacer entièrement une base de données et d’images patrimoniales en ligne. Aucun téléchargement n’est proposé, donc aucune réutilisation n’est vraiment rendue possible, hormis le partage sur certains réseaux sociaux. De la même manière qu’un musée physique, Google Arts & Culture peut être finalement vu comme un musée virtuel “sous verre”, une sorte de gigantesque vitrine numérique fermée, derrière laquelle on a le droit de regarder (zoomer, lire, consulter), mais guère plus : “on visite, on ne touche pas”³. Aucune autre possibilité d’interaction – manipuler, télécharger, réutiliser – n’est proposée. Depuis le début de ce projet, Google a d’ailleurs revendiqué un droit d’auteur additionnel sur les images numérisées en gigapixels (en fait, c’est une forme de copyfraud), alors que la plupart des œuvres reproduites sont dans le domaine public.

En réponse à cette posture de fermeture, dès 2011, des internautes (en particulier des wikimédiens et wikimédiennes) ont extrait et reconstruit à l’aide de scripts les images en haute définition provenant du Google Art Project, puis les ont ajoutées dans la médiathèque collaborative Wikimedia Commons. La catégorie Google Art Project de Commons permet d’accéder à toutes ces images. Cette action a été possible car la Wikimedia Foundation a décidé en 2008 que toute reproduction numérique fidèle d’une œuvre d’art en 2 dimensions étant dans le domaine public ne peut faire l’objet d’un nouveau droit d’auteur⁴. Sur Wikimedia Commons, une page (en anglais) dédiée au Google Art Project indique que “Toutes les œuvres du Google Art Project sont disponibles sur Wikimedia Commons, à l’exception des photos d’œuvres tridimensionnelles ou d’œuvres encore sous copyright.”⁵.

Autres projets proposant des images patrimoniales en gigapixels

Google n’est pas le seul acteur à proposer des numérisations d’œuvres d’excellente qualité. Depuis une quinzaine d’années, plusieurs musées ont fait appel à des prestataires spécialisés pour réaliser des images en gigapixels.

Quelques exemples à l’étranger

Certaines institutions culturelles étrangères ont mis en place leur propre projet. Aux Pays-Bas, deux projets récents concernant des chefs-d’œuvre sont particulièrement intéressants. En 2022, le Rijksmuseum a rendu accessible en ligne une image en gigapixels du tableau de Rembrandt, La ronde de nuit (Night Watch). Une combinaison de techniques d’imagerie de pointe a été utilisée pour étudier et reproduire l’œuvre : appareil photographique Hasseblad de 100 millions de pixels, rayons infrarouges et ultraviolets, balayage par fluorescence aux rayons X macros, imagerie hyperspectrale, spectroscopie de réflectance. Le musée présente le résultat comme la plus grande image numérique d’une œuvre d’art existant aujourd’hui. L’assemblage de 8 439 photographies a été réalisé au moyen d’une intelligence artificielle et forme au final une image de 717 milliards de pixels (717 gigapixels). Le musée propose d’ailleurs de découvrir comment cette image en gigapixels a été réalisée.

Le Mauritshuis (La Haye) avait mis à disposition en 2020 une image de 10 gigapixels du tableau de Johannes Vermeer La Jeune Fille à la perle. Depuis 2023, c’est désormais une image de 108 gigapixels qui est consultable en ligne, avec un zoom profond et plusieurs autres fonctionnalités (mesurer, prendre une capture d’un détail). Une vue 3D est aussi proposée, permettant d’apprécier le relief du tableau. Ces deux reproductions en ultra-haute définition ont été réalisées par la société Hirox Europe, spécialisée dans la fabrication d’instruments d’optique de haute qualité, en particulier des microscopes numériques très puissants. Pour plus d’information sur ce projet, avec des photos et vidéos de l’opération, voir cet article de Jeremy Gray (Petapixel).

Parmi les autres initiatives à l’étranger, le projet Inside Bruegel (Kunsthistorisches Museum Wien) est aussi à signaler. 17 tableaux de Pieter Brueghel l’Ancien sont disponibles en gigapixels, mais ce n’est pas tout. Pour chacun des tableaux, le site web permet de comparer côte à côte deux versions, au choix parmi quatre options : macrophotography (gigapixels), infrared macrophotography, infrared reflectography, X-radiography. Il est possible de zoomer à fond dans les images pour voir les détails et faire apparaître les différences entre les résultats obtenus grâce à ces procédés d’imagerie de pointe. Le site contient aussi la méthodologie du projet (présentation des technologies utilisées) et des focus sur divers aspects liés aux tableaux (restauration, matérialité des supports, thèmes).

En France

Plusieurs musées français proposent aux publics des images en gigapixels. Le musée des Beaux-arts est Lyon a été pionnier en 2013 et compte désormais 54 tableaux explorables en ultra-haute définition. Il propose d’ailleurs sur sa chaîne Youtube une playlist dédiée, avec de courtes vidéos présentant les œuvres en gigapixels.

Voici une liste de musées français concernés, qui n’est pas forcément exhaustive (n’hésitez pas à nous en signaler d’autres) :

• Musée de Bayeux (Normandie) – Tapisserie de Bayeux
• Musée de Saint-Antoine l’Abbaye (Isère) – Tapisserie du Départ de l’Enfant Prodigue
• Musée départemental d’Art ancien et Contemporain (Épinal)
• Musée des Amériques (Auch)
• Musée des Beaux-arts de Lyon
• Musée des Beaux-arts de Nancy
• Musées de Reims
• Palais des Beaux-arts de Lille
• Paris Musées

Intérêts et limites des images en gigapixels

Ces numérisations sont extrêmement intéressantes et rencontrent toujours un franc succès auprès des publics. Les institutions communiquent sur le fait que la qualité des images permet d’explorer les œuvres dans les moindres détails et de s’immerger dans les plus grands chefs-d’œuvre de la peinture. Les images en gigapixels constituent en quelque sorte des versions “augmentées” des œuvres physiques, dans le sens où elles apportent, sur le plan visuel, des informations supplémentaires à ce qui est disponible lors d’une visite d’exposition permanente ou temporaire, ou même à travers une numérisation classique. L’un des apports majeurs de cette qualité de reproduction est de rendre visible des éléments qui sont imperceptibles à l’œil nu. Les exemples sont nombreux et variés, en fonction du type de représentation numérisée : détails de vêtement, détails architecturaux, personnages dans l’arrière-plan, faune, flore… La technologie gigapixel agit comme une super-loupe, qui révèle la richesse des œuvres, tant sur le plan du contenu que de la technique des artistes (touche, traces de pinceau). Certains détails amusants ou surprenants qui n’étaient jusqu’à présent pas remarqués peuvent alors sauter aux yeux, comme cet homme urinant contre un mur dans une vue du Grand Canal à Venise (XVIII^e siècle) conservée au musée des Beaux-arts de Lyon.

Au-delà des usages de médiation et délectation des publics, les images en gigapixels sont très précieuses et utiles aux chercheurs en histoire de l’art et aux divers spécialistes du patrimoine (restauration, conservation), car elles permettent d’étudier les œuvres en profondeur, sous tous les angles ou presque. Sur le plan de la matérialité, elles rendent possible une analyse fine de l’état physique de l’œuvre (craquelures, retouches, altérations, précédentes restaurations). En ce qui concerne le contenu, elles donnent à voir des détails importants qui étaient jusque-là peu ou pas identifiables. C’est le cas de certaines inscriptions ou signatures. Des livres ou œuvres représentés en arrière-plan peuvent aussi être repérés et identifiés avec certitude (ce que permet aussi une numérisation en haute définition, mais ici la meilleure qualité de reproduction facilite ce travail).

Gigapixel n’est pas la seule technologie utile aux spécialistes qui étudient les œuvres et objets patrimoniaux, mais elle fait partie du panel de possibilités dans le domaine de l’imagerie de pointe. Contrairement à des techniques plus poussées comme les rayons X ou l’infrarouge, la reproduction en ultra-haute définition présente l’intérêt d’intéresser un très large éventail de personnes, des plus grands spécialistes jusqu’aux divers visiteurs de musées et amateurs d’art, en passant par les enfants, les étudiants ou les enseignants.  Les images gigapixels sont en effet mobilisables dans un cadre pédagogique, en histoire de l’art ou en histoire par exemple, pour apprendre à analyser un document iconographique, à travers l’importance du détail⁶.

Cependant, la principale limite est la même que dans le projet de Google : les images en gigapixels sont uniquement réservées à la consultation. À ma connaissance, aucun musée ne propose des fonctionnalités de téléchargement (à cause du poids très important des images, mais ce n’est pas la seule raison) et la réutilisation de ces visuels n’est visiblement pas prévue.

Les raisons de la non-ouverture des images en gigapixels ne sont pas expliquées par les institutions, mais plusieurs peuvent être avancées. Le coût de cette technique et le résultat final font de ces images un atout important en termes de communication, visibilité et attractivité, qui permet de mettre en valeur des chefs-d’œuvre des collections tout en se distinguant des autres institutions. Les musées qui ont franchi le pas ne sont sans doute pas prêts à partager librement les images avec le public, et encore moins à rendre possible des usages commerciaux. Proposer le téléchargement direct de ces images poserait d’ailleurs des contraintes techniques non négligeables, en raison de leur poids très élevé, conséquence de leur ultra-haute définition. Le choix de réserver les numérisations en gigapixels à une faible part des collections renforce le caractère précieux et rare de ces images numériques.

Par son coût et sa complexité, cette technique demeure dans le registre de l’exceptionnel. Elle est essentiellement utilisée pour reproduire des tableaux d’artistes célèbres et ne concerne donc qu’un infime échantillon des collections patrimoniales (bien en dessous de 1% de l’ensemble des œuvres de ces musées). Les chefs-d’œuvre de la peinture, soigneusement sélectionnés, sont le plus souvent mis en avant par la technologie gigapixel, qui constitue en quelque-sorte la tête de gondole de la vitrine patrimoniale du musée.

Les autres types de documents et objets valorisés en gigapixels sont rares, mais on peut souligner l’effort de diversité de la part du Palais des Beaux-arts de Lille, qui a choisi deux objets en lien avec la ville : le plan-relief de Lille (1740-1743) et une médaille de la prise de Lille en octobre 1708.

Le Palais des Beaux-arts de Lille a aussi fait le choix de proposer depuis 2017 un espace Gigapixels au sein de son nouvel Atrium, dans lequel les visiteurs peuvent consulter des œuvres en ultra-haute définition, grâce à des tablettes tactiles et trois grands écrans (4K). Des contenus additionnels sont accessibles. L’initiative est intéressante en termes de médiation in situ, mais on peut aussi s’interroger sur le réel intérêt de donner à voir des œuvres numérisées en si haute définition dans un musée : cet usage est-il vraiment complémentaire de la visite physique ? Ou bien la consultation sur ordinateur ou smartphone personnel, depuis chez soi, demeure plus adaptée pour ce type d’images ? Dans sa présentation officielle, le musée évoque les possibilités d’usage de cet espace par l’équipe de médiation du musée, avec des groupes de visiteurs.

La consultation de plusieurs sites patrimoniaux donnant accès à des images en gigapixels permet de constater qu’elles n’y ont pas le même traitement que les autres œuvres numérisées, y compris sur le plan technique. Elles bénéficient généralement d’un emplacement privilégié, avec un accès rapide depuis la page d’accueil du musée, dans une page qui ne fait pas partie du portail des collections. Cela occasionne parfois une rupture entre cette numérisation et la notice de l’œuvre, ce qui complique la navigation et l’accès aux métadonnées. Ce choix est sans doute dû au fait que le processus de mise en ligne est différent. Les notices d’œuvres proviennent du logiciel de gestion des collections, mais ce n’est pas le cas des images en gigapixels, à cause de leur spécificité (prestation externe, poids du fichier final, système de visionneuse particulier pour permettre un zoom profond). La bonne pratique consiste donc à faire le lien entre l’image en gigapixels et sa notice (dans les deux sens), pour que les internautes aient directement accès au contexte et aux informations détaillées. C’est le cas sur le site du musée des Beaux-arts de Lyon (“Observer le tableau en gigapixels”).

Conclusion

Les numérisations en gigapixels constituent la meilleure qualité d’image qui existe aujourd’hui. Cette spécificité leur confère un rôle important dans la valorisation du patrimoine pictural en ligne. En quelque sorte, elles sont le porte-étendard du musée virtuel, car elles correspondent à un vieil objectif : proposer aux spécialistes (et à tous les publics) la plus grande qualité de reproduction possible pour une œuvre, en garantissant la fidélité des couleurs, des matières et des détails.

Toutefois, on constate que Gigapixels constitue surtout à ce jour un outil de communication et de valorisation pour un petit nombre de musées. Son rôle demeure très limité (voire anecdotique) en matière de diffusion des collections, puisqu’une infime minorité d’œuvres est concernée. Son impact est d’ailleurs quasiment nul en ce qui concerne les possibilités de réutilisations, en tout cas celles proposées par les institutions (pas de téléchargement direct, pas de licence libre).

Il est intéressant de réfléchir aux parallèles que l’on peut faire entre collections physiques et collections numériques, en particulier sous l’angle de ce qui est montré aux publics. Cette approche permet de prendre conscience des limites actuelles et du processus de sélection à l’œuvre dans chaque institution patrimoniale. L’exposition permanente d’un musée ne montre au public qu’une (toute) petite partie de ses collections, tout le reste étant conservé en réserve, c’est-à-dire invisible pour les visiteurs (ou seulement de manière très exceptionnelle et limitée). D’une manière similaire, mais encore plus radicale, les images en gigapixels visibles en ligne ne concernent qu’un très faible échantillon d’œuvres, soigneusement sélectionnées. Les autres – c’est-à-dire l’immense majorité des collections – ne possèdent pas de version numérique de cette qualité, rendant leur exploration immersive impossible à l’heure actuelle. Chaque institution qui propose des images en gigapixels, via son propre projet ou Google Arts & Culture, a donc procédé à une sélection drastique de ce qu’elle considère comme les œuvres majeures de ses collections, qui méritent (selon l’institution) d’être beaucoup plus mises en avant que les autres. À travers ces choix institutionnels, l’étude des images en gigapixels révèle une forme classique de la hiérarchie patrimoniale sous-jacente dans les musées. D’autres manières de sélectionner des œuvres à valoriser en gigapixels pourraient être mises en place, comme par exemple proposer aux publics de voter. Mais même dans ce cas de figure, il est probable que les choix des publics se portent également avant tout sur des chefs-d’œuvre picturaux, déjà bien connus et mis en valeur dans l’exposition permanente.

Pour compléter cette synthèse, il serait utile d’avoir davantage d’informations et de données précises sur le coût d’une image en gigapixels pour un musée (tarifs des prestataires, coût de stockage et de diffusion). On remarque d’ailleurs que le plus gros acteur dans ce domaine est le géant américain Google, qui dispose d’une énorme capacité financière et de la technologie de pointe pour numériser des centaines d’œuvres en ultra-haute définition. Le mécénat est fortement mobilisé dans certains projets, comme le montre l’opération Night Watch du Rijksmuseum. Dans son entretien avec le Club Innovation & Culture (2018), le photographe Gilles Alonso indique qu’il facture en moyenne 900 euros une image en gigapixels, tout compris, pour environ 7 h de travail (prise de vue et post-traitement). Il précise que le coût dépend du projet : nombre d’œuvres concernées, conditions, taille du musée… Cette technologie n’est pas généralisable à l’ensemble des collections, mais elle n’en demeure pas moins remarquable sur le plan technique. Les spécialistes du patrimoine et les publics seraient sans doute intéressés de connaître les choix des musées dans ce domaine : processus de sélection (quelles œuvres ? Pourquoi celles-ci et pas d’autres ?), objectif principal du projet, part des différentes approches (rôle de chaque service du musée dans la prise de décision : conservation/collections, communication, médiation, iconothèque…). Si des institutions/professionnels du patrimoine engagés dans ce type de projet lisent ce billet, nous les invitons à ajouter un commentaire ou à nous écrire pour parler de leur positionnement : les retours d’expérience et explications sont toujours enrichissants !

Dans ce même esprit, nous invitons aussi les publics à nous faire part de leur avis sur ces images en gigapixels. Qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à commenter le billet !

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Légende des images illustrant le billet

– Pieter Brueghel l’Ancien, La Tour de Babel (détail), 1563, huile sur panneau de bois, 114 x 155 cm, Kunsthistorisches Museum, Wien (inv. GG_1026) [Google Art Project].
– Rembrandt, La ronde de nuit (détails), 1642, huile sur toile, 363 x 437 cm, Rijksmuseum Amsterdam (inv. SK-C-5, SA 7392) [Operation Night Watch].
– Bernardo Bellotto (attribué à), Le Grand Canal à Venise (détail), vers 1736-1740, huile sur toile, 79 x 121 cm, musée des Beaux-arts de Lyon (inv. B 472).
– Kano Hideyori, Maple Viewers, (détail), 16^e siècle, aquarelle, 150,2 x 365,5 cm, musée national de Tokyo (inv. A-10470) [Google Art Project].
– Jacques-Louis David, La mort de Marat (détail), après 1793/07/13, huile sur toile, 111,3 x 86,1 cm, Musée des Beaux-Arts de Reims (inv. 879.8.1).
– Pieter Brueghel le Jeune, Le dénombrement de Bethléem (détail), vers 1610-1620, huile sur toile, 112 x 163 cm, Palais des Beaux-arts de Lille (inv. P.863).
– Vincent van Gogh, La Chambre de Van Gogh à Arles (première version), 1888, huile sur toile, 72 x 90 cm, Van Gogh Museum, Amsterdam (inv. s0047V1962) [Google Art Project].

– Daniel Schmitt, Gigapixels : dispositif numérique d’exploration des œuvres, Palais des Beaux Arts, 2017, licence CC-BY-NC. ⟨medihal-01701566⟩.

Bibliographie et liens utiles

• Avec la photographie en gigapixels, le public peut explorer les œuvres dans leurs moindres détails (dossier), Club Innovation & Culture, 25/09/2018.
• Google Art Project : Une petite note discordante dans un concert de louanges, Framablog (page qui cite Adrienne Alix, “Google Art Project : vision critique”, Compteurdedit, 03/02/2011).
• Sébastien Magro, “Le confinement a mis à l’honneur les métiers du numérique dans les musées”, 22/05/2020.
• Mathilde Miguet et Françoise Paquienséguy, “L’évolution de l’environnement numérique des musées. Des CD-Rom aux applications muséales et autres e-albums”, Interfaces numériques, 2019, 1-2, p. 79-92.
• Camille Ouellet, “L’accessibilité à tout prix ?”, Museonum (blog Medium), 26/04/2020.
• Omer Pesquer, “France : plus de 30 ans de numérique pour les musées”, 22/07/2012 (dernière MAJ : 13/03/2021).
• Guillaume Pfister, “GOOGLE ART PROJECT”, Encyclopædia Universalis, consulté le 28/11/2024.
• Présentation et captures d’écran du CD-ROM “Le Louvre : Peintures et palais”, sur le site Abandonware France, consulté le 04/12/2024.

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Notes

1. Parmi lesquels : Galerie des Offices à Florence, Tate Britain, Metropolitan Museum of Art, MoMa, Château de Versailles, Rijksmuseum d’Amsterdam, musée de l’Ermitage à Saint-Petersbourg. [↩]
2. Par exemple : The New York Times, The Guardian et RFI. [↩]
3. Adrienne Alix, Google Art Project : vision critique, 3 février 2011, Compteurdedit (via Framablog). [↩]
4. Europeana affiche la même position dans sa charte (2010) : “Ce qui est dans le domaine public doit rester dans le domaine public”. Depuis 2019, c’est aussi ce qu’a décidé l’Union Européenne (article 14 de la directive sur le droit d’auteur). [↩]
5. Pour des raisons de droit d’auteur (originalité du point de vue choisi par le photographe), les images d’œuvres en 3 dimensions provenant de ce projet ne sont pas autorisées dans Wikimedia Commons. En anglais dans le texte : “All works from the Google Art Project are available on Wikimedia Commons, except for photos of three-dimensional works or works still under copyright.” Pour en savoir plus sur les droits liés aux œuvres en 3 dimensions, voir Samuel Bonnaud-Le Roux, “Les enjeux juridiques liés à la numérisation tridimensionnelle du patrimoine”, In Situ, n° 42, 2020. [↩]
6. Voir par exemple cette ressource de l’Académie de Strasbourg, qui compare plusieurs plateformes donnant accès à des images en gigapixels et qui propose quatre exemples d’exploitations pédagogiques : “Fiche : EXPLOITER DES IMAGES EN GIGAPIXELS”. [↩]

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