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Visite de l’exposition « Le monde selon l’IA »

L’équipe du Service numérique de la recherche (SNR) a pu visiter le 29 avril dernier l’exposition Le monde selon l’IA au Jeu de Paume. L’IA étant de plus en plus au cœur de la veille menée par le SNR et de certains projet ou expérimentations en cours, cette visite a permis d’y associer une dimension artistique tout à fait bienvenue.
Le commissariat général de l’exposition a été confié à Antonio Somaini, professeur de théorie du cinéma, des médias et de la culture visuelle à l’université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, associé à deux chargés de recherche au CNRS (UMR THALIM), l’historienne de l’art Ada Ackerman et l’historien des idées et de la littérature Alexandre Gefen. Ils sont assistés par deux doctorantes en histoire de l’art, Alexandra Gilliams (université Paris I Panthéon-Sorbonne) et Carla Maraud (Centre d’histoire de Sciences Po). Ce commissariat, qui fait la part belle au travail académique, est complété par Pia Viewing, historienne de l’art et commissaire d’exposition au Jeu de Paume.

Trevor Paglen : The Treachery of Object Recognition, 2019, tirage par sublimation thermique sur aluminium.

L’exposition interroge l’impact des Intelligences Artificielles sur les pratiques artistiques contemporaines et sur la culture visuelle en général, et explore les bouleversements de l’influence croissante des IA dans nos sociétés.
Riche d’une quarantaine d’artistes pour autant d’œuvres, réalisées depuis la moitié des années 2010, et dont certaines ont été spécialement conçues pour l’exposition, le parcours explore sur les deux étages les systèmes d’IA analytique, qui permettent de détecter, reconnaître et classer afin d’analyser, de contrôler et de prédire et d’IA générative, qui eux modifient des données existantes ou en génèrent de nouvelles après avoir été entrainés sur de grande quantités de données.

L’équipe du SNR présente lors de la visite de l’exposition Le monde selon l’IA, de gauche à droite : Pierre Husson, Maud Mélinand, Louise Baranger, Camille Samsa, Pierre-Yves Laborde, Jean-Christophe Carius et Francesca Bocchi.

Chaque section s’ouvre par une « capsule temporelle », telle un cabinet de curiosités, qui replace la thématique à travers le prisme de l’histoire et de l’archéologie des médias. Cette approche permet de relier l’histoire somme toute récente des IA à une évolution plus large des idées et des techniques, autour de thématiques telle que : l’automatisation du calcul ou de la perception visuelle, la reconnaissance faciale, la génération de textes par des algorithmes, etc.

La dimension critique est bien entendu très présente, dénonçant les coûts environnementaux ou humains de ces technologies, autour des thématiques telles que la matière (lithium, terres rares, pétrole) ou le micro-travail ou « travail du clic », et interrogeant les enjeux philosophiques et épistémologiques des IA, à travers notamment les notions d’espaces latents et d’images potentielles.

Agnieszka Kurant : Nonorganic Life 2, 2023, peinture aux cristaux de sels de fer, de cobalt, de nickel, de calcium, de chrome, de cuivre et de manganèse sur plaque d’aluminium anodisée et imprimée, fabrication : Kunstgiesserei St-Gallen, direction de projet : Noël Hochulli, collection Nicoletta Fiorucci.

L’exposition explore également la dimension spacio-temporelle des IA à travers de formidables chronologies, élaborées par la chercheuse Kate Crawford et le designer Vladan Joler, qui ouvrent l’exposition. Calculating Empires: A Genealogy of Technology and Power Since 1500, donne à voir deux arborescences sur cinq siècles présentées en vis à vis, mettant en perspective « Communication et calcul » et « Contrôle et classification ».

Kate Crawford et Vladan Joler : Calculating Empires: A Genealogy of Technology and Power Since 1500, 2025, diptyque, 2 impressions sur papier collées au mur.

La dimension ludique n’est bien entendu par oubliée, et a ravie l’équipe du SNR, qui a pu tester l’installation interactive de Trevor Paglen, Faces of ImageNet, associant notre image vidéo à un mot clé servant à la reconnaissance visuelle, ou celle de Christian Marclay, Sound Stories, projetant des séries de vidéos publiées sur Snapchat à chaque son joué au clavier électronique.

Trevos Paglen : Faces of ImageNet, 2022, installation vidéo interactive. Pierre-Yves Laborde identifié comme un « Bursar, the treasurer at a college of university ».

Une exposition à voir et à revoir, tant les œuvres questionnent notre société contemporaine, présente et à venir, sans oublier un détour par la librairte, pour sa très bonne sélection de livres au sujet des IA.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Pierre-Yves Laborde (6 mai 2025). Visite de l’exposition « Le monde selon l’IA ». Numérique et recherche en histoire de l'art. Consulté le 21 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13vew